Waza Wo Migaku

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Ce samedi 14 juin, notre Dojo accueillait deux « jeunes » enseignants français Jean-Marc Dessapt et Gil Pham Trong pour un stage à thème intitulé Waza Wo Migaku, ce qui peut-être traduit par polir la technique. Malgré les examens qui ont retenu les étudiants et la tenue de la Cet de la fédération qui a retenu les « gradés » ; tout cela le même jour, nous étions quand même une douzaine à fouler le tatami pour cet évènement original. Ce qui est vraiment plaisant par ailleurs, c’est le mélange des fédérations et écoles Afa, Ubea, Aikilibre représentées sur le tapis, preuve que les guerres de clans n’ont pas trop cours parmi les pratiquants. L'occasion également de rencontrer et de pratiquer avec Ivan Bel du dojo Fudoshinkan.
D’emblée, Jean-Marc nous présente le concept du stage : le polissage des techniques tel un artisan forgeant un sabre et qui, pour lui donner le plus beau des aspects et le tranchant le plus vif, utilisera des pierres à grains de plus en plus fins. Dans les stages habituels et les cours aussi d’ailleurs, nous ajoutons des éléments au mouvement afin d’accéder à la technique la plus parfaite possible. Par exemple sur Shiho Nage, on apprendra tout d’abord le sens de la technique, c'est-à-dire passer sous le bras en avançant devant l’uke, puis on insistera sur le placement de bras, des mains, le changement des angles, etc. Ici, nous prendrons une technique et nous la dégrossirons au maximum en enlevant ce qui va gêner ou perturber l’accomplissement du geste.

Après la préparation, nous débutons par les « ukemis » en particulier Mae ukemi de la façon pratiquée par Tamura Shihan et les élèves qui le suivent, le polissage se fait en enlevant tous les appuis de manière à aller au sol sans contraction musculaire. Voilà pourquoi on retire la jambe avant…Gil, en médecin spécialisé en kinésiologie et posturologie, nous décrit très bien ce qui se passe dans notre corps lors l’exécution des chutes. Nous enchaînons avec katadori ikkyo omote qui va nous occuper presque tout le cours. Que de travail et concepts pour…un mouvement, preuve vraiment de la richesse de notre art. Difficile de tout décrire (j’ai tout noté dans un de mes carnets…) mais nous avons retrouvé les placements de centre et à nouveau l’idée de « ne pas déranger le partenaire » (vue aussi avec Léo Tamaki) et pour cela effacer toutes les tensions musculaires lors du geste. Et Gil de nous décrire les gestes réflexes d’un nourrisson mettant son pouce en bouche sans y penser, geste que nous avons en nous depuis des générations et que nous allons utiliser pour éviter de « tirer » le partenaire vers soi. Nous testons cela avec un uke en posant une main sur son pectoral et l’autre en position « Men », l’aite essaye de tirer musculairement et on sent très bien la contraction des pectoraux en « à coup »; par contre le mouvement « réflexe » décrit plus haut utilisera plutôt les muscles dorsaux et se fera sans effort et façon continue comme la caresse d'une fleur..., vraiment intéressant. Autre concept expliqué : hiraku/tojiru qui est une façon très sobre et discrète d'opérer le changement de hanmi et que l’on pourrait traduire par livre ouvert/livre fermé (utilisé dans nombre d’arts martiaux). On ouvre la hanche pour refermer en revenant les pieds joints et face au partenaire, de là on exécutera la technique.

Pour encore « polir » plus loin, nous utilisons bokken et tanto pour ajuster le placement du corps en partant de l’idée que c’est la main arrière (gauche dans le sabre) qui  « pousse » et guide. Après ce travail, nous arrivons à un mouvement très fluide, continu, relâché et ne perturbant pas trop notre uke, il faudra quand même encore travailler néanmoins…
Nous enchainons ensuite sur yokomen uchi kokyu nage, basé sur hiraku/tojiru, en transperçant l’uke en avançant droit sur lui, perturbant…car le partenaire est comme balayé par notre avancée. Nous enchaînons par le même geste mais avec deux ukes attaquant l’un derrière l’autre, ce qui nous oblige à garder l’axe. Nous terminons par munadori kokyu ho en se plaçant parallèle à l’uke et en utilisant soit le tir du Kyudo ou le relâchement après la sieste (j’ai préféré le second ;o).

Déjà la fin, cela a passé si vite et pourtant nous n’avons effectué que…deux techniques, preuve que ce fût grandement intéressant. En conclusion, cet enseignement bien que n’étant encore au stade initial (je pense que c’était le premier stage de ce type avec deux intervenants) est vraiment enrichissant.

Jean-Marc et Gil (qui enseigne dans la magnifique région du lac d'Annecy) forment vraiment une belle équipe, l’un complétant l’autre à merveille dans les commentaires. Allier l’Aïkido et les mouvements décrits de façon « médicale » en expliquant ce qui se passe dans le corps, pourquoi nous faisons cela machinalement et pourquoi pas, mélanger un art traditionnel et des concepts tirés de la posturologie et la kinésiologie, voilà une méthode originale et …géniale que j’espère revoir bientôt chez nous.
Un autre article du blog sur ce sujet : ici
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Publié dans sakuradojo

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E
Bonjour,très interessant!!! Cet article illustre bien combien l'Aikido est l'exacte réplique gestuelle du mouvement du corps humain:-) En fait, c'est un miroir...:-)En tout cas, cela donne envie de travailler plus en profondeur encore sur cette voie d'interprétation ou de découverte.Bonne journéeEmma
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